Gaspar Noé

(sortie le 13/04/22)

“Irréversible”, “Love”, “Climax”,… La filmographie de Gaspar Noé ne s’oublie pas. Elle s’imprime en vous, marquant l’esprit par la violence de ses thèmes, images et sons.

Tant sur la forme que sur le fond, l’agressivité parfois provocatrice des films du réalisateur est indissociable de son cinéma.

Pourtant, avec “Vortex”, Gaspar Noé aborde cette fois la fin de vie d’un couple âgé dont la femme souffre d’une maladie neurodégénérative. Terrain aussi fertile que glissant pour le cinéaste, confronté à la douceur et à la sincérité d’un couple magnifiquement interprété par Dario Argento et Françoise Lebrun. 

Symbole de la distance inévitable s’installant entre les deux époux, mais aussi avec leur fils (Alex Lutz), le film est divisé en deux plans parallèles qui s’entremêlent avec brio. Les deux cadres enferment des personnages qui ne demandent qu’à s’échapper: de ses responsabilités pour le fils, de sa femme pour le père, et d’elle même pour la mère.

Ainsi autour du couple se resserre un environnement dangereux, inquiétant, fatiguant, dérangé. Le mari s’entoure d’illusions et de rêves, à l’image d’un amour interdit et de sa passion pour le cinéma; tandis que sa femme trouve refuge dans les médicaments, les bras de son fils et sa propre inconscience.

Avec “Vortex”, Gaspar Noé explore donc une nouvelle forme de violence, plus subtile et vicieuse, celle du temps sur le corps et l’esprit, où l’amour réconforte autant qu’il détruit.

  • Pierre Gabioud
Catégories : Critique de filmSUPERBOOM