Wim Wanders
(sortie 29/11/23)

Vu à Locarno 2023 (7/10)

Wim Wenders, plus qu’un réalisateur, plus même qu’un auteur, est un poète. Capable de manier aussi bien les mots que les images pour faire émerger d’un bloc cinématographique un ouvrage de poésie.
Et alors que se murmurent des rumeurs sur la retraite du cinéaste de 78 ans, celui-ci nous propose avec “Perfect Days” un film qui sonne presque comme l’aboutissement de sa longue carrière, puisque dépouillé au maximum des artifices du cinéma. Il en résulte une œuvre purement poétique, d’une sensibilité extrême, dont le scénario se résume au quotidien d’un employé travaillant à l’entretien des toilettes publiques de Tokyo.

Les jours s’enchaînent et se ressemblent, même si de légers inattendus viennent décorer de temps à autre la routine minutieuse du fonctionnaire. On s’émerveille alors des architectures variées des commodités japonaises, de la danse particulière d’un marginal dans un parc, de la curiosité d’un enfant qui passe par là. On s’étonne même de ne jamais s’ennuyer devant l’apparente banalité de la vie de cet homme, et l’on se surprend à espérer qu’aucune péripétie ne vienne troubler sa paix.

Comment Wim Wenders parvient à nous captiver aussi aisément par la beauté du presque rien, demeure pour moi un mystère. On pourrait citer le joli grain d’image, la maîtrise virtuose du silence ou la justesse avec laquelle il réussit à capturer l’atmosphère japonaise. Une bribe de solution pourrait également se trouver du côté de son acteur principal: Kōji Yakusho, livrant ici une performance magistrale et qui lui a d’ailleurs valu la palme d’or du meilleur acteur à Cannes.

Pourtant, même si tous ces éléments participent indéniablement à la réussite du film, ils n’en constituent pas le cœur. Son secret ne serait-il finalement pas aussi insaisissable que la Poésie elle-même ?

  • Pierre Gabioud
Catégories : Critique de film