« J’aimerais avoir un enfant un jour, mais pas un enfant au lieu d’une vie. »

Présélectionné par le CNC pour concourir à l’Oscar du meilleur film étranger en 2022, le deuxième long-métrage d’Audrey Diwan, L’Événement, vainqueur du lion d’or du festival de Venise, a finalement laissé sa place au sulfureux Titane pour porter les couleurs de la France outre-Atlantique. Et je ne cite pas le dernier film de Julia Ducournau uniquement pour vous encourager à le voir, mais bien parce qu’il partage avec L’Événement de nombreux points communs. En effet, les deux œuvres, radicales et engagées, empoignent le spectateur pendant plus d’1h40 et ne lui laissent aucun répit, tout en traitant avec intensité d’un sujet important et malheureusement toujours au cœur de nombreux débats : l’avortement.

Le film, adapté d’un récit autobiographique, suit la grossesse non-désirée d’Anne, étudiante en lettres dans les années 60. A cette époque, l’avortement est illégal et surtout extrêmement tabou, à tel point que le mot n’est prononcé qu’à une seule reprise dans tout le long-métrage. On assiste alors au combat poignant et désespéré de cette jeune femme de 23 ans, face à « ce genre de maladie qui transforme les femmes en femmes au foyer ». En effet, Anne se prépare à passer des examens hautement sélectifs pour rentrer en faculté, mais sa grossesse va l’amener à vivre une solitude saisissante, alors même qu’elle semble étouffée par la promiscuité de son internat.

L’Événement est une œuvre douloureuse, par moment presque insoutenable, et c’est en ça qu’elle est pour moi une véritable réussite. A l’écran transparaissent une souffrance et une détresse inouïes, appuyées par un jeu d’acteur très juste ainsi que le réalisme du travail d’Audrey Diwan, journaliste de formation. Avec sa caméra épaule, elle nous fait rentrer dans l’intimité d’Anne, et nous montre les effets désastreux de l’interdiction de l’avortement à travers un récit qui au-delà de son message, tient le spectateur en haleine par ses rebondissements et son rythme rarement monotone. En fin de compte, là où certains verront peut-être un film trop misérabiliste ou trop cru, je vois un film nécessaire, qui retranscrit admirablement bien le véritable supplice que peut malheureusement constituer un « heureux événement ».

Catégories : Critique de film

1 commentaire

Gabioud Pierre · 02/11/2021 à 22:30

Super critique ! Trop hâte de voir le film 🙂

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